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Interview avec Marie Beaurain : enjeux et perspectives de l'architecture durable

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Interview avec Marie Beaurain 

Dans un contexte où les défis environnementaux et les besoins en logement se font de plus en plus pressants, l’architecture durable se révèle être un enjeu majeur pour notre société. Pour mieux comprendre les enjeux actuels et les perspectives d’avenir, nous avons rencontré Marie Beaurain. Dans cet entretien exclusif, elle partage son analyse des problèmes critiques, ses propositions pour des mesures législatives concrètes, et ses conseils aux jeunes architectes passionnés par la durabilité. Découvrez ses réflexions et ses espoirs pour un cadre bâti respectueux de l’environnement et adapté aux besoins de chacun.

Quels sont, selon vous, les enjeux les plus critiques concernant l’architecture et le cadre bâti ?

Marie: « Clairement, le logement et l’habitat sont passés au second ou troisième plan, alors que c’est un sujet majeur. Actuellement, nous avons un problème de manque de logements, des passoires thermiques, et la nécessité d’une rénovation globale de notre parc immobilier. Le manque de permis de construire déposés est également préoccupant, avec une baisse de 20 % depuis le début de l’année, ce qui impactera forcément le nombre de nouveaux logements créés et tout le secteur du bâtiment. »

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour promouvoir une architecture respectueuse de l’environnement au niveau législatif ?

Marie: « L’histoire des aides d’état comme MaPrimeRénov’ et les accompagnateurs est une bonne initiative, mais c’est actuellement une usine à gaz. Les particuliers ont du mal à comprendre leurs droits et à être suivis correctement. Il y a aussi la loi zéro artificialisation nette, qui est une bonne mesure en principe, mais qui considère les jardins des particuliers comme de la zone artificialisée, ce qui incite à densifier les parcelles de manière inappropriée. »

Comment pensez-vous que les nouvelles lois pourraient mieux encadrer la collaboration entre les architectes, les constructeurs et les artisans pour améliorer le vivre ensemble ?

Marie: « Il faut simplifier et clarifier les processus administratifs et législatifs. La communication entre les différentes parties prenantes doit être améliorée pour éviter des décalages entre les besoins réels et les exigences réglementaires. Il est également nécessaire d’avoir des réunions en présence plutôt que de tout faire de manière dématérialisée pour avancer plus efficacement. »

Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez actuellement dans la mise en œuvre de projets architecturaux durables ?

Marie: « La complexité administrative est un obstacle majeur. Les démarches pour obtenir des permis de construire sont de plus en plus lourdes et contraignantes. Par exemple, il n’y a que 5 % des permis déposés qui sont validés du premier coup dans certaines communes. Il y a également le problème des préemptions par la préfecture dans les zones en manque de logements sociaux, ce qui dissuade les investisseurs. »

Pensez-vous que le grand public est suffisamment sensibilisé aux bénéfices d’une architecture durable et comment cela pourrait-il être amélioré ?

Marie: « Je pense que le grand public se rend compte du changement climatique, mais il y a un décalage entre la volonté de vivre dans un environnement durable et les moyens financiers disponibles. Les matériaux écologiques sont souvent plus coûteux, ce qui limite leur adoption. Il faut trouver un moyen de rendre ces solutions plus accessibles financièrement. »

Quels sont vos espoirs et vos attentes pour l’architecture et l’urbanisme dans les prochaines années ?

Marie: « Il faut aborder les questions de logement et d’urbanisme de manière globale et transversale. Chaque territoire a ses particularités, et il faut des solutions adaptées à chaque contexte. Par exemple, il est crucial de concilier conservation du patrimoine et modernisation écologique des bâtiments. »

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes architectes qui souhaitent intégrer des principes de durabilité et de respect de l’environnement dans leurs projets ?

Marie: « Les jeunes architectes sont souvent bien formés sur ces sujets, mais ils doivent trouver un équilibre entre l’idéal et le réalisable. Il y a beaucoup à faire dans l’existant, et il est important de travailler sur la rénovation autant que sur la construction neuve. Il faut aussi être conscient des réalités économiques et savoir convaincre les clients de l’importance de ces principes. »

Comment envisagez-vous l’évolution de la collaboration entre les différents acteurs du secteur de la construction pour atteindre ces objectifs ?

Marie: « Plus de dialogue et de rencontres en présentiel sont nécessaires. Les échanges par email ou autres moyens dématérialisés ne sont pas suffisants pour avancer efficacement. Il faut aussi que les services d’urbanisme soient plus accessibles et réactifs. »